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Loup, où es-tu ?

Article paru dans « campagne 47 n°82 de juillet 2015

 

Les loups sont de plus en plus nombreux en France et on peut s’attendre à ce que leur retour dans les zones non montagneuses se fasse lentement mais surement.
Si le Loup n’est pas agressif envers l’homme, il reste un prédateur pour nos élevages… Comment concilier préservation d’une espèce et activités agricoles ? Les chasseurs sont là pour maintenir l’équilibre entre la nature et les hommes.

 

loup

 Aujourd’hui, des meutes de loups sont installées dons une vingtaine de départements et leur aire de rayonnement ne cesse de s’agrandir

 

Le loup gris (Canis lupus) appartient à l’ordre des carnivores et à la famille des Canidés qui compte une quarantaine d’espèces, dont les renards. Il peut vivre dans tous les types de milieux couvrant l’ensemble de ses besoins : montagne, plaine, lande, prairie, forêt… Lespace vital d’une meute est en moyenne de 150 à 250 km’ en France. Le loup vit environ dix ans, jusqu’à 20 ans en captivité. Carnivore opportuniste, le loup consomme préférentiellement des ongulés (en France : chevreuil, chamois, bouquetin, ovins et bovins), mais aussi des proies plus petites comme les lapins, les lièvres, les rongeurs, les oiseaux, les reptiles… Il peut également se nourrir de carcasses ou de fruits. On estime qu’un loup européen de 35 kg consomme en moyenne 3 à 4 kg de viande par jour. Le loup est une espèce éminemment sociale vivant en meute (de deux à huit individus en France). Le groupe est régi par une hiérarchie très stricte : c’est le couple dominant (couple alpha) qui dirige les activités vitales comme la chasse, les déplacements et la défense du territoire. Le loup chasse généralement la nuit, qu’il soit seul ou en meute, et privilégie surtout les proies qui sont les plus abondantes et/ou les plus faciles à capturer. Il peut parcourir aisément jusqu’à 40 km en une nuit. Pour la reproduction, seul le couple dominant (couple alpha) s’accouple à la fin de l’hiver, donnant naissance à deux à cinq louveteaux en moyenne entre avril et mai de chaque année. Le taux de survie est de 50 % la première année.

 
Une espèce protégée
Le loup fait l’objet d’une protection stricte aux niveaux international, communautaire et national. C’est ainsi que sont a priori interdites toutes formes de détention, de capture, de mise à mort intentionnelle, de perturbation intentionnelle ou de commerce des spécimens prélevés dans la nature.
Des dérogations à ces interdictions peuvent toutefois intervenir à condition :
que la dérogation ne nuise pas au maintien, dans un état de conservation favorable, des populations des espèces concernées dans leur aire de répartition naturelle ;
que cette dérogation s’inscrive dans un cadre prédéfini, justifiant un intérêt à agir pour prévenir des dommages importants à l’élevage ;
qu’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante.
La destruction illégale d’un loup est punie par la loi d’un an d’emprisonnement et de 15 000 d’amende.

 
Le loup en France
Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, les loups étaient présents sur 90 % du territoire français. Depuis toujours, le loup a été chassé et piégé par l’homme en raison du fléau qu’il constituait pour les troupeaux de bétail mais aussi pour le risque qu’il représentait en terme sanitaire, la rage étant encore largement répandue et enfin pour le danger qu’il a toujours été vis-à-vis de l’homme. Au XIX’ siècle, l’utilisation du poison comme moyen de lutte conduira à un rapide déclin de l’espèce, de telle sorte qu’en 1909, les loups n’occupent plus que 4 % du territoire national. La dernière présence régulière connue en France se situe aux confins du Berry et du Limousin, où l’espèce subsiste jusque dans les années 1930. La réimplantation naturelle du loup en France est due à la colonisation naturelle du massif alpin par les populations italiennes de la chaîne des Apennins, dès le début des années 1990. La première observation fiable date de novembre 1992. Elle a été réalisée par les chasseurs au cours d’un comptage de chamois en Haute-Vésubie. Petit à petit, le loup colonise toutes les Alpes françaises, du Sud vers le Nord et sa population augmente progressivement. À l’issue de l’hiver 2013, celle-ci était estimée à environ 250 individus. Considérée comme durablement installée dans les Alpes de l’ouest, l’espèce a été détectée en dehors de ce massif à partir des années 2000, d’abord dans les Pyrénées puis le Massif Central et plus récemment dans le massif des Vosges et enfin celui du Jura. La mosaïque de territoires agricoles et forestiers, qui caractérisent le territoire national, font de la France un pays très accueillant pour l’espèce. La progression démographique et géographique ‘a la population de loups y est évaluée par des méthodes de suivi biologique performantes à partir du recueil d’indices de présence sur le terrain (proies sauvages ou domestiques, empreintes, observations visuelles, excréments, hurlements).

 
Chasseurs et gestion de l’espèce
Aujourd’hui, des meutes de loups sont installées dans une vingtaine de départements et leur aire de rayonnement ne cesse de s’agrandir. LONCFS identifie également des passages ponctuels de loups isolés ou de meutes dans une demi-douzaine de départements supplémentaires ! « Les estimations montrent que, depuis deux décennies, l’espèce augmente d’environ 20 % par an dans l’Hexagone. Actuellement, notre pays compterait environ 300 spécimens, selon l’ONCFS. Quarante fédérations départementales des chasseurs pensent qu’elles connaîtront le loup dans leur département d’ici à dix ans. C’est notamment pour ces raisons que la Fédération nationale des chasseurs (FNC), avec le soutien financier de la Fondation François Sommer pour la chasse et la nature et du ministère de l’Environnement, a monté un projet sur le loup (Médialoup). « Des ateliers ont été organisés dans les régions anciennement concernées par le loup mais aussi sur les fronts de colonisation, explique Adélaïde Désilles, chargée de mission à la FNC. Le projet Média-loup a pour objectif de créer une dynamique au sein des structures cynégétiques et environnementales, sur les thèmes de la cohabitation avec le loup, autour de la gestion de cette espèce emblématique ». La première phase de ce projet a été consacrée à l’étude des pratiques de gestion et de prévention mises en place chez nos voisins européens. Il s’agit d’anticiper l’arrivée du loup en mettant en place un suivi de l’espèce, en étudiant les différents modes d’intervention et l’impact du prédateur sur les ongulés sauvages (cervidés, sangliers, chamois…). N’oublions pas que lorsque cette espèce est présente et a fortiori lorsque les populations s’accroissent, la conduite des élevages d’animaux domestiques mais aussi la gestion de la faune sauvage s’en trouvent fortement impactées. Dans la gestion du loup, espèce protégée, comme pour toutes les autres espèces de mammifères et d’oiseaux, les chasseurs sont incontournables.
Sources : Dreal Rhône-Alpes et FNC

 

Adélaïde Désilles,
chargée de mission
Médialoup à la FNC.

 

Promenons-nous dans les bois,
tant que le loup n’y est pas?

La peur du loup est ancrée dans la mémoire collective. Ce prédateur est avant tout une menace pour les élevages en semi-liberté d’ovins, de bovins ou d’équins et il est évident que sa proie principale n’est pas l’homme. Les attaques sur l’homme ne sont pas systématiques. L’historien Jean-Marc Monceau a montré par ses travaux que les attaques sont plus fréquentes après les périodes de guerre, lorsque les corps des soldats, voire des civils tués, sont abandonnés massivement à l’air libre, habituant les loups à se nourrir de chair humaine… Il ne faut pas négliger non plus les attaques sur les enfants à qui l’on confiait autrefois la garde du troupeau dès le plus jeune âge dans nos campagnes. Souvent relatées, les attaques par des loups enragés étaient spectaculaires parce que les loups, dans la phase terminale de leur maladie, observaient un comportement d’une particulière agressivité. Le loup, comme tous les animaux sauvages, est avant tout un animal méfiant et discret. Son odorat et son ouïe très développés lui permettent d’éviter autant que possible l’homme et il cherche avant tout à fuir s’il se fait surprendre. Il est d’ailleurs très difficile de l’observer dans la nature. Pour autant, faut-il considérer que la peur du loup était une pure imagination ? Certainement pas 1 Le loup est un animal sauvage et comme tout animal sauvage, il n’est ni gentil ni méchant. C’est un prédateur puissant, beaucoup plus fort et rapide qu’un chien. La nature idyllique n’existe que dans certains livres…