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L’étude « Alouette des champs »

Défendre nos chasses tradictionnelles

Les techniciens de la fédération ont débuté cette étude en 2013 pour mieux connaître ce petit oiseau chassé depuis des temps immémoriaux dans le Sud-Ouest.

Les filets de type "japonais"

Depuis quelques saisons nous allions aider nos confrères des Landes sur leur site de Mimizan.
Ils baguent les alouettes depuis une quinzaine d’années pour essayer de percer les mystères de la migration de cette espèce. Les passages ont lieu chez nous à partir des premiers frimas de l’automne. Cela commence généralement mi-octobre et se poursuit jusqu’à mi-novembre explique Daniel GOUDENECHE, chef du service technique à la fédération. La station de baguage est située Jusix, commune limitrophe de la Gironde, dans la partie ouest du Lot-et-Garonne. L’alouette des champs est une espèce bien répandue en Europe, mais nous la trouvons aussi dans certaines régions de RUSSIE et de TURQUIE.
Les effectifs sont encore relativement abondants. L’oiseau n’est pas menacé. On estime qu’il y a entre 50 et 70 millions de couples nicheurs ! Pourtant, depuis les années 1980, les spécialistes observent une baisse constante des populations nicheuses en Europe de l’Ouest.
L’alouette est très dépendante des espaces cultivés et la diminution constatée tient à l’évolution des pratiques agricoles, au mitage de ses habitats et à une urbanisation galopante.

Nous avons ouvert une station de baguage en Lot-et-Garonne pour couvrir ce couloir de migration. Nous essayons d’apprécier et de déterminer l’intensité et les variations annuelles des flux migratoires traversant notre région. Cela nous aidera à obtenir des renseignements sur notre plus petit gibier et à avoir une vue d’ensemble de la migration et de l’aire de répartition de l’alouette en Aquitaine, déclare Daniel, qui ajoute qu’il faut ensuite croiser les données récoltées avec celles des autres fédérations de la région. C’est un travail collectif. Un suivi qui veut avoir une valeur scientifique doit obligatoirement prendre en compte deux paramètres fondamentaux que sont la durée de l’étude et sa représentativité géographique.

Une station opérationnelle

On déroule les filets

La maîtrise du terrain est acquise, il s’agit d’un champ de maïs moissonné plus tôt pour installer les pantes en vue de chasser l’alouette de manière traditionnelle. En début de soirée, les techniciens de la fédération déploient les filets « japonais » sur la station d’études. Il faut une petite heure d’installation, précise Daniel GOUDENÈCHE. On règle et on branche également les lecteurs MP3 à des enceintes qui reproduisent le champ de l’alouette pour les attirer vers les filets. Daniel GOUDENECHE et Stéphane, le stagiaire, déplient sur des perches trois nappes de filets de 12 m chacune. Les mailles sont extrêmement fines. À 21 heures ou 21 h 30 au plus tard il faut être prêt !

Attention, il ne faut pas confondre nos matériels et nos techniques réservés à nos études scientifiques, avec la chasse traditionnelle aux pantes ou aux matoles. Le technicien supérieur de la fédération d’ajouter : la chasse et le baguage sont deux activités bien distinctes. Nous intervenons de nuit avec des filets spéciaux et de la repasse, c’est-à-dire un enregistrement imitant le chant de l’alouette. Ces techniques sont interdites la chasse. Elles nous sont réservées, sur autorisation administrative.

On démaille !

On pèse !

Notre binôme, studieux, commence sa longue attente. Daniel explique à Stéphane qu’il faut choisir des nuits calmes, claires, sans pluies, sans brouillard et surtout sans vent car sinon, les filets s’agitent et les alouettes se méfient. D’habitude, l’équipe est en poste jusque vers minuit ou une heure du matin mais en cas d’arrivées d’oiseaux les permanences se prolongent jusqu’à 7 heures du matin ! Le binôme est toujours constitué d’un technicien de la fédération et d’un stagiaire ou d’un chasseur volontaire, curieux de participer à une action de baguage complète Daniel, pendant que le tintamarre du MP3 se poursuit : « Pspss… Ririri… ksiksiks… tritritri… »

Le baguage

Une fois l’oiseau poché dans le filet il faut le démailler délicatement et rapidement. On vérifie le niveau de réserves adipeuses, puis on la pèse et on prend la mesure de l’aile pliée. Ensuite, le technicien la bague. Toutes les informations sont notées sur une fiche : poids, taille, lieu, horaire… puis, on relâche l’oiseau. L’opération n’a pris que deux minutes. Il faut aller vite mais selon nombre d’alouettes capturées, lorsqu’il y en a une douzaine de prises dans le filet, il faut compter une petite demi-heure pour toutes les baguer…

On mesure !

L’année dernière 310 alouettes ont été baguées sur le site de Jusix. Trois ont déjà été reprises par des chasseurs. « Une a été baguée ici à 3 h du matin et tuée à 10 h sur un col au-dessus de Saint-Jean-Pied-de-Port ! Une autre a été tuée dans le LOT-ET-GARONNE et encore une autre prélevée dans le centre des Landes. »

La saison de baguage 2013 fut un bon début. En 2014 nous avons eu un passage relativement diffus, très irrégulier. Peut-être que le temps chaud a perturbé et reculé le départ de la migration s’interroge Daniel GOUDENECHE. Une vingtaine de nuits ont été réalisées jusqu’au 5 novembre pour baguer les alouettes. En début de campagne 86 alouettes avaient déjà été baguées sur la station du LOT-ETGARONNE et près d’un millier dans la région.

Et on bague avant de relâcher

Premières tendances

Aujourd’hui, les techniciens n’observent pas de diminution globale de la population mais en revanche de fortes variations saisonnières. Les landais constatent que depuis 2010 les alouettes ont délaissé le littoral au profit d’une voie migratrice située plus à l’Est. Ce changement explique en grande partie la baisse du nombre d’individus  bagués entre 2008 et 2010 dans le département des Landes. Par contre, 2013 fût une excellente saison en Aquitaine, avec plus de 1 650 oiseaux bagués, l’effort de baguage étant constant d’une année sur l’autre. En Lot-et-Garonne la fédération va continuer à étudier les pics et les variations des migrations. Nous sommes attentifs aux évolutions de la population. Nous essayons d’apporter des réponses sur le comportement de migration de l’alouette et sur son statut nicheur, pour que l’on entende encore longtemps sa turlutte mélodieuse dans notre beau département, et que son « trrlit » continue à enivrer les chasseurs traditionnels d’alouettes avec leurs filets et leurs matoles ! » N’oublions pas que si nos travaux n’étaient pas assez convaincants, le ministère n’hésiterait pas à interdire nos chasses traditionnelles par « précaution ».